Le chassé-croisé des start-ups en Allemagne et en France

Des deux côtés du Rhin, les start-ups poussent comme des champignons. Chacun à sa manière, l'Allemagne et la France tentent de séduire les jeunes entrepreneurs. La bataille est lancée.
Paris, le plus grand incubateur numérique au monde ?
Décidément, Paris veut devenir le paradis de l'innovation. La capitale française se vante fièrement d'héberger quelque 3000 start-ups et n'a pas hésité fin mars 2016 à confier symboliquement les clés de l'Hôtel de ville à de jeunes entrepreneurs venus du monde entier. L'opération séduction est en marche et Paris a l'ambition de créer 110 000 m2 d'incubateurs ces prochaines années. Dans le 13ème arrondissement, sous le toit de la Halle Freyssinet, des travaux de rénovation battent leur plein. D'ici la fin de l'année 2016, l'ancien hangar à marchandise doit faire peau neuve pour accueillir sur plus de 30 000 m2 près de 1 000 nouveaux locataires. Tous sont des start-ups. Ce méga-projet public-privé, financé en grande partie par l'homme d'affaires Xavier Niel, doit devenir le plus grand incubateur numérique au monde.
Paris se présente comme le principal pôle d'attractivité pour les start-ups en France. La concentration de nouvelles entreprises du numérique y est bien plus forte que dans n'importe quelle autre ville de l'Hexagone. Le paysage entrepreneurial français diffère en cela clairement du modèle allemand, où la capitale Berlin n'est pas la seule ville du pays à se montrer attirante. Hambourg, Munich, Stuttgart et la région de la Ruhr regroupent ainsi plus d'un tiers des start-ups en Allemagne. Cette diversité géographique joue en faveur des investisseurs étrangers. A tel point que même les entrepreneurs français n'hésitent pas à franchir le Rhin pour développer leur projet.
Avantage du prix pour l'Allemagne
"En France, les entrepreneurs sont d'emblée freinés par la location des bureaux, le prix des matériaux ou encore le coût de la vie", explique Boris Brüllmann, fondateur de la start-up Wefactory. Beaucoup de Français, désormais basés en Allemagne, s'accordent sur ce fait : les coûts de la création d'une entreprise sont bien plus faibles en Allemagne. Cependant, une grande partie d'entre-eux explique que la gestion d'une entreprise y est tout aussi complexe qu'en France.
Une vraie culture entrepreneuriale en Allemagne
En septembre 2015, une étude du Bundesverband Deutsche Startups menée auprès d'un millier de start-ups allemandes prévoyait 50 000 créations de postes dans ces entreprises innovantes en seulement un an. A voir si les chiffres pourront atteindre ces prévisions, d'autant qu'il faut tenir compte des nombreuses suppressions de postes, monnaie courante dans ces entreprises aux modèles économiques parfois instables. C'est l'une des limites de l'évolution des start-ups en Allemagne. Malgré tout, d'importantes initiatives permettent à ces jeunes entreprises du digital de se développer. Des structures d'accompagnement de projets appelés "accélérateurs" sont nombreux en Allemagne et apportent une aide financière à la création. "Il existe de nombreuses bourses et des programmes d'innovations dans les grandes villes qui permettent de se développer. Mais à côté de cela, il y a une vraie culture entrepreneuriale en Allemagne. Plusieurs événements sont organisés pour les entreprises et permettent d'obtenir un important réseau", explique Jérôme Feys, co-fondateur de la start-up Vescape à Berlin. D'ailleurs, peu d'entrepreneurs français installés dans la capitale allemande souhaitent retourner au pays pour faire fleurir leurs affaires. En revanche, comme dans un chassé-croisé, quelques Allemands ont fait le voyage inverse jusqu'en France, par simple intérêt économique ou pour l'ouverture du pays tant à l'Ouest qu'à l'Est.
Retrouvez l'article original rédigé par Antoine Belhassen (du 13 avril 2016) sur le site de notre partenaire ParisBerlin : Le chassé-croisé des start-ups