Le magazine carrière franco-allemand
Allemand 
Trouvez ici votre job franco-allemand de rêve
 

Les Allemands devraient-ils travailler plus pour relancer l’économie ?

 Les Allemands devraient-ils travailler plus pour relancer l’économie ?

L’Allemagne traverse une zone de turbulences économiques et le débat sur le travail s’invite au premier plan. En pointant du doigt la nécessité de “travailler davantage” pour redresser le pays, le chancelier Friedrich Merz a déclenché une vague de réactions contrastées : applaudissements de certains entrepreneurs, indignation des syndicats et scepticisme d’une partie de la jeunesse. Derrière cette polémique se cache une question cruciale : la stagnation économique de la première puissance européenne est-elle liée à la baisse du temps de travail ou résulte-t-elle de problèmes structurels bien plus profonds ?

 



1. Un débat ravivé par le chancelier Friedrich Merz

1. Un débat ravivé par le chancelier Friedrich Merz

Le débat sur le temps de travail en Allemagne a été relancé par les récentes déclarations du chancelier chrétien-démocrate Friedrich Merz. Lors d’une conférence de presse à Berlin le 28 mai 2025, il a affirmé que ses concitoyens devraient “travailler davantage” pour sortir le pays de la récession qui dure depuis plus de deux ans. Une phrase qui a suscité de vives réactions dans la presse et l’opinion publique.
Le journal Der Spiegel évoque un sujet “sensible”, alors que les syndicats et les partis politiques s’opposent sur les solutions à adopter. Selon le Bild, ces propos auraient conduit le syndicat puissant IG Metall à suspendre temporairement sa revendication d'une semaine de quatre jours payée cinq, face aux craintes pesant sur l’industrie allemande.
Faut-il réellement travailler plus pour relancer l’économie ? Ou les causes de la stagnation sont-elles plus profondes ? Ce débat touche aujourd’hui l’ensemble de la société allemande.



2. Une stagnation économique aux causes multiples

2. Une stagnation économique aux causes multiples

La stagnation de l’économie allemande ne se résume pas uniquement à une question de temps de travail. Depuis plus de deux ans, l'Allemagne enregistre une faible croissance, plombée par des facteurs structurels. Le vieillissement démographique, la transition énergétique coûteuse et les tensions géopolitiques ont pesé lourdement sur le modèle exportateur du pays.
De plus, l’Allemagne subit un manque de main-d'œuvre qualifiée, notamment dans les secteurs de l’industrie, de la santé et du numérique. Selon une étude de l’Institut de l’économie allemande (IW), plus de 500 000 postes restent non pourvus, freinant la productivité.
En parallèle, les coûts de l’énergie et les incertitudes liées aux chaînes d'approvisionnement perturbent les entreprises. Travailler plus pourrait partiellement répondre aux besoins de production, mais cela ne résoudra pas les défis structurels de l’économie allemande.



3. Le dilemme du temps partiel en Allemagne

3. Le dilemme du temps partiel en Allemagne

Le phénomène du temps partiel est en pleine expansion en Allemagne. En 2024, près de 29 % des salariés travaillaient à temps partiel, un record selon le magazine Cicero. Ce choix est souvent motivé par un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en particulier chez la génération Z qui prône le “plus de life et moins de work”.
La moyenne hebdomadaire de travail en Allemagne s’élève à 40,2 heures, mais de nombreux jeunes actifs refusent ce modèle au profit de rythmes plus souples. En outre, les 20 jours de congés légaux par an paraissent insuffisants aux yeux de cette nouvelle génération.
Ce développement du temps partiel pose un véritable dilemme : si d’un côté il favorise le bien-être des salariés, de l’autre il limite le volume global d'heures travaillées, ce qui inquiète le gouvernement en période de stagnation économique.



4. Quelles pistes pour dynamiser le marché du travail allemand ?

4. Quelles pistes pour dynamiser le marché du travail allemand ?

Relancer le marché du travail allemand ne peut pas se résumer à demander aux salariés de travailler plus. Plusieurs leviers sont sur la table, et certains sont déjà en cours de déploiement.

D’abord, l’immigration qualifiée est perçue comme une réponse incontournable. Avec plus de 500 000 postes vacants recensés en 2024, notamment dans l’ingénierie, la santé et l’informatique (IW Köln), l’Allemagne a adopté la réforme du Skilled Immigration Act et introduit la “Opportunity Card”, qui facilite l’arrivée de travailleurs étrangers hautement qualifiés (Make it in Germany). Des accords bilatéraux ont aussi été signés, par exemple avec la Colombie, afin d’attirer rapidement des talents (Reuters).

Autre axe : le maintien des seniors en emploi. Le gouvernement de Friedrich Merz a validé en 2024 une réforme des retraites incitant les plus de 65 ans à rester actifs, grâce à des primes pouvant représenter jusqu’à +10,6 % de revenus supplémentaires pour ceux qui prolongent leur activité (Reuters). Selon des estimations, une telle mesure pourrait ramener près de 2,5 millions de travailleurs supplémentaires sur le marché.

Mais au-delà de la quantité de main-d’œuvre, c’est la qualité de l’engagement qui inquiète. Une étude Gallup révèle que seulement 14 % des salariés allemands se disent engagés dans leur travail, contre 20 % qui se déclarent “activement désengagés” — un record depuis 2012 (Gallup). Certaines entreprises comme SAP ou Siemens testent déjà des modèles plus flexibles, basés sur la reconnaissance, la formation continue et des hiérarchies plus horizontales pour motiver leurs équipes.

Enfin, la formation et la reconversion professionnelle sont devenues centrales. La nouvelle loi sur l’éducation continue (Weiterbildungsgesetz) offre aux PME des subventions pour financer des congés de formation ou des programmes de requalification (Mayer Brown). Ce dispositif complète le système dual, déjà reconnu pour sa capacité à insérer les jeunes sur le marché du travail, avec un taux de chômage des moins de 25 ans parmi les plus bas d’Europe.

Le débat lancé par Friedrich Merz a mis en lumière un enjeu clé : il faudra sans doute agir sur plusieurs leviers pour relancer l’économie allemande, et non se limiter à une augmentation des heures de travail. Le chantier est vaste, mais il est indispensable pour assurer la compétitivité du pays à long terme.

En savoir plus:

https://connexion-francaise.com/system/images/data/000/001/180/original/imageonline-co-roundcorner-ConvertImage.png?1581937156

 
 
Notre newsletter mensuelle

Le marché du travail franco-allemand en un clic, restez à jour !

 
Plus d'articles sur