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À travers l'histoire de l'industrie franco-allemande

À travers l'histoire de l'industrie franco-allemande

En 1897 naissait à Francfort la filiale du fabricant français de composants électriques Mersen. Malgré l'histoire mouvementée des deux pays, la société y conçoit toujours des pièces de haute technologie. TEXTE : ANNE LE TRAQUER



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Saviez-vous qu'un petit morceau de l'entente franco-allemande gravite sur Mars à la recherche de traces d'eau ? Très précisément, il s'agit des balais des moteurs électriques du robot américain Opportunity, des pièces produites à Francfort-sur-le-Main dans la filiale du groupe français Mersen (anciennement Carbone Lorraine). Cette entreprise a eu l'audace de s'installer en Allemagne moins de trente ans après la guerre de 1870 et y produit depuis 115 ans des éléments destinés à la transmission d'énergie, malgré les aléas de l'Histoire, participant ainsi aux avancées technologiques et aux relations franco-allemandes.


"Il n'est pas très clair si ce fut décisif, mais en 1891 Francfort organise une foire électrotechnique inspirée de l'Exposition universelle de Paris de 1889", explique l'historien Fritz Koch. "Otto Neumann et Willy Blumenthal, bricoleurs-inventeurs allemands à la fibre commerciale, y rencontrent les responsables de l'entreprise Le Carbone Levallois-Perret et six ans plus tard, la filiale francfortoise de cette société parisienne débute sa production de balais en graphite pour les premiers outils électriques dans le quartier de la gare à Francfort." Après des débuts prometteurs, la Grande Guerre interrompt la production, la société ne pouvant plus s'approvisionner en matières premières depuis la France.


Sauvée de l'aryanisation


L'activité redémarre dès 1918 et ne s'est jamais interrompue depuis. En devenant notamment le principal fournisseur du constructeur électrique Bosch dans l'entre-deux-guerres, elle donne rapidement du travail à des dizaines d'ouvriers à qui elle offre cantine, sécurité sociale et caisse de retraite, une exception à l'époque.


Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, la société est considérée comme "bien ennemi" par les nazis mais le directeur sauve l'entreprise de l'aryanisation en transférant la majorité des actions de la maison mère à la filiale allemande. "Face au manque de main-d'œuvre, les dirigeants refusent de faire appel aux travailleurs forcés", raconte Fritz Koch, "ils font venir du personnel de Paris et le logent dans des baraques en bois sur le site", transféré à Kalbach, dans le nord de Francfort dans les années 1930.


Davantage que les conflits, c'est la crise économique résultant des chocs pétroliers qui a failli mettre un terme à cette histoire. Avec plusieurs vagues de licenciements, les effectifs passent de 660 employés à environ 80 actuellement à Kalbach, site désormais spécialisé dans les solutions électriques pour moteurs et générateurs.


L'histoire de Mersen est reproductible malgré la tendance actuelle au patriotisme économique selon Massimo Neri, directeur du groupe en Allemagne, Autriche et Suisse: "Ce sont surtout les hommes qui créent ces histoires. Si l'on intègre dans les équipes de direction des entrepreneurs passionnés et on leur laisse suffisamment d'autonomie pour qu'ils puissent développer des activités quel que soit le contexte, tout est possible." Outre le robot de la Nasa et sa participation au dernier record de vitesse du TGV, le site de Francfort-Kalbach œuvre dans l'éolien et compte contribuer au tournant énergétique allemand décidé l'an dernier.


TEXTE : ANNE LE TRAQUER